Déjà fortement perturbé depuis le début du conflit Russo-Ukrainien, le cours du blé a battu hier, lundi 16 mai un record absolu ​sur le marché européen, après l’annonce d’un embargo de l’Inde sur ses exportations de cette céréale. Une décision qui va aggraver la crise ​d’approvisionnement de cette denrée au niveau mondial selon le G7. Quelles pourraient alors être les répercussions de cette mesure d’interdiction en Afrique et en particulier au Sénégal ?

Après l’annonce faite par l’Inde interdisant les exportations de blé, du fait de la baisse de sa production due notamment à des vagues extrêmes de chaleur, le cours du blé a atteint 438,25 euros (plus 287.053 F CFA) la tonne à la clôture des bourses européennes. Une décision qui ne sera pas sans effet pour le Sénégal car elle risquerait de faire hausser davantage le prix du blé qui avait au préalable subi une augmentation depuis le début de la crise en Ukraine. Le prix de la baguette de pain qui s’élevait à 150 FCFA avant la crise, revient à 175 FCFA pourrait de nouveau flamber. Interrogé sur la question des conséquences  de l’embargo indien sur les exportations de blé au Sénégal, l’économiste et enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Meïssa Babou,  a fait savoir à ce propos que le blocage des exportations indiennes va simplement compliquer les situations d’inflation que le monde vit actuellement «car, si ce n’était pas le blocage des prix par le gouvernement du Sénégal, probablement le prix du pain aujourd’hui serait multiplier par un» explique–t-il.

Meïssa Babou préconise du «pain au profit du mil, des bouillies, beignets, et tapalapa»

Poursuivant son propos, en ce qui concerne les solutions, Meïssa Babou a préconisé la mise en place d’une diplomatie économique par le Sénégal pour sortir de ces difficultés en allant vers les pays qui sont sous embargo pour dénicher probablement une quantité de prix assez exceptionnels. Mieux, il a ajouté qu’une autre solution serait un changement d’habitude  de consommation, «il faut abandonner le pain au profit du mil, des bouillies, beignets, et tapalapa etc.», a-t-il avancé.

Et d’ajouter : «il serait très difficile pour les Sénégalais de s’arrimer à ces habitudes car, ils sont très têtus et très attachés au pain de blé, il faut aussi noter que le sucre et le lait coûtent extrêmement chers, au point que si une famille veut en faire, nous risquerons d’effleurer le prix du pain maison».

D’ailleurs, dans l’édition de Sud Quotidien datant du samedi 14 mai dernier le Directeur Général de l’ITA, Mamadou Amadou Seck  avait proposé des produits alternatifs par rapport au blé pour la fabrication du pain. Selon lui, si le Sénégal avait la possibilité d’utiliser produits locaux surtout en matière de fabrication de pain, cela aurait évité de dépenser des centaines de milliards pour aller acheter le blé.

«A  l’ITA, nous avons un atelier céréalier qui a beaucoup travaillé sur ces questions. Nous avons montré l’économie qu’on peut faire en nous appuyant sur une proportion de 15% de mil par rapport au blé. Ce qui nous permettait d’engranger près de 15 milliards FCFA en termes d’économie», avait-il fait savoir.

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