Depuis quelques jours la question de l’indiscipline dans le secteur de l’éducation a refait surface. Le geste déplacé et très osé de certains élèves du lycée de Yoff a remis au goût du jour la lancinante question de la correction, du civisme et du bon citoyen en devenir, dans les établissements scolaires. De plus en plus, le lieu destiné à former le Sénégalais dès sa prime jeunesse et à lui inculquer des valeurs nécessaires pour le développement économique et social du pays, est sujet à des attaques en interne. Comme un cheval de Troie, les élèves, maillons essentiels de la chaine de l’éducation, affaiblissent l’école et ses autorités, à tous les niveaux de responsabilité. Ces jeunes auteurs d’actes délictuels montrent par dessus tout l’échec des parents à donner de la bonne éducation à leur progéniture.

Si elle a encore ressuscité le débat sur la crise d’autorité dans le milieu scolaire, la scène de vandalisme au lycée de Yoff, signalée récemment, n’est que la partie visible de l’iceberg de l’indiscipline qui gangrène de plus en plus le secteur. On a tendance, dans de pareilles circonstances, à fouiller du côté des enseignants ou administrations pour expliquer de tels comportements. Pourtant, la répétition de ces actes peu honorables pour l’image de l’école sénégalaise montre à suffisance que les raisons ne sont pas à trouver de ce côté là ; il faut surtout interroger le milieu social des élèves en question.

La société en miniature, l’école regorge d’élèves en situations sociales et ou économiques difficiles. De plus en plus de jeunes apprenants, en proie à une crise d’adolescence aiguë, échappent au total contrôle de leurs parents et se comportent comme ils désirent. Très susceptibles et parfois en manque de « valeur » aux yeux de leurs camarades, ils ne s’illustrent pas en ayant de bonnes notes dans les évaluations, mais plutôt recourent à des méthodes tout à fait répréhensibles. Même en salle de cours, cette catégorie d’élèves se distingue en montrant un comportement différent des autres, et en se faisant toujours rappeler à l’ordre, et parfois même renvoyer des cours. Cependant, les solutions à l’interne, proposées par les différents règlements intérieurs, ne sont jamais fortes pour remettre ces enfants dans la rectitude.

C’est pourquoi, le diagnostic d’une telle situation doit surtout être fait sur la base d’une étude sociologique. Ce qui fait péter les plombs à ces élèves, c’est moins des raisons endogènes à l’école que des raisons exogènes. Pourtant, c’est pour mieux les orienter que l’État a affecté des psychologues conseillers qui rendent visite aux élèves de temps en temps. Le seul hic est que le travail qui devait être le leur pour aider les administrations à mieux cerner les comportements des potaches n’est pas abattu comme sied. Dans les écoles, le constat est que ces psychologues conseillers insistent plus sur les opportunités d’apprentissage aux élèves candidats (Bac ou Bfem) qu’ils ne donnent d’aide psychologique à proprement parler.

La seule solution qui vaille, face à l’impuissance de l’administration scolaire, c’est de demander aux parents d’insister sur l’éducation de leurs enfants. Au lieu de « monstres »- comme les avait qualifiés le ministère dans une note qu’il a retirée- ces enfants sont de vraies brebis égarées qu’il faut peut-être envoyer dans des centres de redressement. Mieux que la prison à leur âge, ce qu’ils méritent pourtant du fait de l’acte de destruction de biens publics.

Si l’on sait que l’école n’éduque plus, ceci n’est plus sa vocation d’ailleurs avec l’interdiction de la correction physique même à l’élémentaire, on ne peut que compter sur l’éducation sociale des apprenants. La vérité est que même l’instruction dont l’école se charge pour ces enfants est devenue un échec, sinon les connaissances acquises en éducation civique et morale auraient permis à ces petits égarés de s’abstenir de commettre de tels actes.

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