Interpellé à Kaffrine, le 28 mai dernier, puis conduit de force à Dakar, alors qu’il menait sa « caravane de la liberté », Ousmane Sonko est, depuis lors, complètement « isolé » chez lui, en plus d’être condamné à 2 ans de  prison ferme dans l’affaire « Sweet beauté ». Alors qui va, aujourd’hui, porter le projet Pastef ?
Ses avocats, ses militants, des membres de l’opposition et de la société civile sont maintes fois montés au créneau pour dénoncer « la séquestration » d’Ousmane Sonko dans son domicile sis à la Cité Keur Gorgui à Dakar, mais jusqu’à présent le maire de Ziguinchor est complètement « coupé » du reste du monde, selon ses partisans.
Ses téléphones et autres gadgets personnels ont été confisqués par les éléments de la Bip (Brigade d’intervention polyvalente de la Police) et du Gign (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale). Ce qu’il n’a pas manqué de dénoncer vigoureusement lors de sa dernière sortie médiatique, la première depuis son transfèrement forcé à Dakar. Il s’est dit « séquestré » et a appelé ses compatriotes à manifester « massivement » dénonçant un « complot ourdi par Macky Sall et ses sbires ».
« La violation du droit à l’image du leader de Pastef/les patriotes, la publication de ses photos, la confiscation de ses objets privés, constituent des atteintes graves et manifestement illégales à ses droits fondamentaux », a regretté le constitutionnaliste Mouhamadou Ngouda Mboup, par ailleurs, Haute autorité de régulation du parti, interpellant la Commission nationale pour la protection des données à caractère personnel. L’enseignant-chercheur a ajouté que « parler de résidence surveillée ou d’assignation à résidence » d’Ousmane Sonko, « ne correspond pas à la réalité ».
Pour sa part, Me Ciré Clédor Ly a attiré « l’attention de l’opinion nationale et internationale et celle des guides religieux » sur la situation du leader politique, bloqué par « plus de 500 policiers armés et équipés de véhicules de combat de destructions massives ».
Condamné par contumace à deux ans de prison, Ousmane Sonko est toujours chez lui, d’après le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, l’accusé peut être arrêté « à tout moment ». Car, a expliqué le Garde des Sceaux, « l’exécution de la décision de la justice incombe au parquet ». À l’en croire, pour que le parquet puisse faire « l’exécution de la décision de la justice, il faut que celle-ci soit disponible », ajoutant, sur le plateau de « Jury du dimanche » sur Itv, que « ce qu’on a reçu du tribunal, c’est un extrait du jugement mais sur la base du plumitif. Il faut que les juges rédigent la décision. Lorsque le mandat d’arrêt n’est pas délivré, vous rentrez chez vous en attendant que les autorités chargées de l’exécution de la décision de justice le fassent ».

« Pas d’élection sans Ousmane Sonko ! »
Ce qui risque de compromettre davantage l’éligibilité de M. Sonko, déjà condamné en appel à 6 mois avec sursis dans une autre affaire de « diffamation » l’opposant à l’actuel ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. En attendant que la Cour suprême ne tranche sur son pourvoi en cassation, des observateurs de la scène politique s’interrogent déjà sur l’avenir politique du principal opposant de Macky Sall.
Mais du côté de Pastef, l’on indique n’avoir ni de plan A, ni de plan B. « C’est Ousmane Sonko notre candidat. Et on va se battre pour qu’il participe à la prochaine présidentielle », a soufflé un responsable du Parti Pastef.
De son côté, El Malick Ndiaye dit ne pas imaginer une élection sans son leader. « Ça n’arrivera pas, ça ne nous traverse pas l’esprit. Si Dieu lui prête longue vie, il n’est pas question qu’il y ait une élection sans la participation du président Ousmane Sonko. On ne discute ni de plan B, ni de si si si…. S’il y a élection en 2024, le Président Ousmane Sonko va y participer. Et nous allons tout faire pour qu’il gagne, dès le premier tour, c’est ça aujourd’hui, notre objectif, c’est ça le focus 2024 », a notamment martelé le chargé de la communication de Pastef.
En tout état de cause, interrogé par Seneweb sur l’avenir politique d’Ousmane Sonko, l’enseignant-chercheur Adama Sadio, Docteur en sciences politiques, soulignait qu' »en politique, ce sont les rapports de force qui font l’histoire et non parfois le droit». Il a ajouté : « Si Ousmane Sonko parvient à contrer une certaine résistance sur le terrain – et d’ailleurs, il me semble qu’il a très bien compris – s’il le réussit, il pourra bel et bien être candidat en 2024.»
Mais, s’il venait à être écarté de la course, l’un de ses lieutenants, Bassirou Diomaye Faye, membre fondateur et président du mouvement des cadres du parti, est lui aussi en prison depuis mi-avril dernier pour « outrage à magistrat, diffamation et actes de nature à compromettre la paix publique ».
Tout le contraire de Birame Souleye Diop, également membre fondateur et administrateur de Pastef, qui, depuis quelques jours, est mis au-devant de la scène. Le député maire de Thiès-Nord et président du groupe parlementaire « Yewwi Askan Wi » a été arrêté, la semaine dernière, avant d’être relâché.

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