Benjamin Moukandjo se livre à nos confrères de Afrik-Foot.com. Dans cet entretien, l’ancien lion indomptable a évoqué les mauvais résultats de l’équipe du Cameroun et la pression autour du sélectionneur Rigobert Song. Il a confié son optimisme pour les Lions Indomptables à la prochaine CAN, mais aussi commenté les accusations de corruption contre Samuel Eto’o.

Quelques morceaux de l’interview

Quels enseignements tirez-vous de la défaite du Cameroun la semaine dernière face au Sénégal (0-1) ?

Le Cameroun n’a pas fait une bonne première mi-temps. Dans l’ensemble du match, ce n’est pas une belle prestation côté camerounais. En 2ème mi-temps, ils ont essayé de rectifier le tir, ils ont mieux défendu. Ce serait quand même tôt de tirer des enseignements de ce match même si la CAN arrive assez tôt. Il va falloir que Rigobert Song prépare bien son équipe pour cette coupe d’Afrique. C’est vrai qu’il y avait des joueurs absents, notamment Zambo-Anguissa qui est un joueur hyper important pour l’équilibre de l’équipe et qui sera là pour la CAN. Je ne dirais pas après ce match et celui de la Russie (0-1) qu’on s’est rassuré. Mais ce qui me rassure c’est que le Cameroun est toujours prêt le jour-J. Le Cameroun a cette faculté de passer d’une compétition à une autre, de passer d’un match amical à un match couperet. On attend de voir au mois de janvier ce qu’ils nous réservent.

Est-ce que ça veut dire que vous les voyez rééditer le même exploit que l’équipe de 2017 dans laquelle vous étiez le capitaine ?

Ah oui ! D’autant plus que vous posez la question à quelqu’un qui la vécu (rires). Je l’ai vécu donc je sais ce dont les Lions sont capables, surtout lorsqu’ils sont dos au mur. On a eu du mal à se qualifier à cette CAN. On a vu les barrages (Mondial 2022) face à l’Algérie où l’on perd le match aller à domicile. Personne ne nous croyait capable de renverser l’Algérie chez elle. Récemment contre le Burundi où il fallait gagner le match pour passer. On le gagne d’une belle manière (3-0). Ce sont quand même des éléments rassurants. Quand on prépare une compétition comme la CAN ou la Coupe du monde, il faut toujours trouver des éléments qui peuvent vous rassurer à vous préparer et vous aider pendant la compétition. Nous avons cela. Bien sûr qu’il y a du travail à faire, des lacunes à gommer. On va laisser le soin au sélectionneur de trouver des solutions.

Justement le sélectionneur a un bilan peu reluisant de 7 défaites en 16 matchs. Êtes-vous satisfait de son travail ?

Sur le plan comptable je vais être honnête : non. Quand vous avez perdu 7 matchs et seulement 4 gagnés, c’est trop peu pour une équipe comme le Cameroun. De ma position je suis très mal placé pour tirer les enseignements de son bilan. S’il est encore là, cela veut dire que le président de la Fédération lui fait encore confiance. C’est la raison de son maintien. S’il est là, c’est peut-être parce que ceux qui décident voient en lui la capacité à redresser la barre. On va faire confiance à ces gens-là. On est qualifié et je pense que ce serait prématuré et illogique de changer d’entraîneur en cours de route. On a une CAN à préparer.

Il reste une dernière fenêtre FIFA en novembre. On attend de voir si les choses vont changer parce qu’au mois de novembre on sera encore plus proche de la compétition. Il y aura la réalité qui est la compétition. J’essaye toujours de faire la différence entre les matchs amicaux, la préparation et la compétition. Nous l’avons vécu en 2017. Personne n’avait mis une pièce sur notre victoire. Peut-être qu’on n’y croyait pas nous-mêmes (rires). Au fur et à mesure qu’on avançait dans la compétition, on voyait qu’on pouvait le faire. Aujourd’hui on parle des résultats de Rigobert qui ne sont pas en sa faveur, mais attention. Si demain il gagne la CAN, tout sera balayé d’un revers de la main.

Samuel Eto’o est accusé de corruption par d’anciens dirigeants de la FECAFOOT. En tant qu’ex-international camerounais, comment voyez-vous tout cela ?

C’est compliqué de se positionner sur ce genre de fait. Ça reste encore des accusations. Il faudrait que ce soit prouvé. Je n’ai pas l’habitude de tirer sur quelqu’un qui n’est pas reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés. Il faut respecter la présomption d’innocence. Je ne peux pas avoir de position sur ce sujet parce que j’attends encore qu’on nous ramène des preuves de ces accusations. Il ne faut pas se distraire. Eto’o est président de la FECAFOOT. Il sera jugé sur ses résultats, sur ce qu’il va apporter de plus ou de moins à la Fédération. Au niveau du championnat, du football de jeunes, de toutes les équipes nationales. C’est là où on l’attend. Il a fauté ou il n’a pas fauté ? Je suis très mal placé pour en juger.

Le football camerounais a toujours été politisé avec des listes où le sélectionneur est mis sous pression. Avez-vous vécu cela lors de la Coupe du monde 2014 notamment ?

C’est ce que l’on a toujours entendu. Je dirais même que ce n’est pas une chose qui appartient seulement au football camerounais. Ça appartient à l’Afrique en général, je dirais dans le monde. Il y a certaines personnes qui aimeraient qu’un tel joue, ou qu’un autre soit convoqué.

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