Les dirigeants des Brics se réunissent mardi en Afrique du Sud pour discuter des moyens pour le groupe disparate de cinq pays, qui produit un quart de la richesse mondiale, d’étendre son influence sur la scène politique et économique mondiale.

Les dirigeants des cinq économies émergentes du bloc (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), qui réfléchit à accueillir de nouveaux membres, sont attendus à 12H00 GMT dans un centre de conférences de Johannesburg, où le sommet se tient jusqu’à jeudi. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa accueille les chefs d’Etat du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, et de Chine, Xi Jinping.

L’Inde sera représentée par son Premier ministre, Narendra Modi, et la Russie par son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Après des mois de spéculations, le président russe Vladimir Poutine, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime de guerre en Ukraine, participera finalement au sommet par visioconférence.

Représentant un groupe de pays disséminés géographiquement et dotés d’économies à la croissance inégale, les Brics ont pour front commun leur scepticisme vis-à-vis d’un ordre mondial qu’ils considèrent comme servant les intérêts des pays riches et notamment des Etats-Unis.

« Le système traditionnel de gouvernance mondiale est devenu dysfonctionnel, déficient et inopérant », a déclaré vendredi à la presse l’ambassadeur de Chine à Pretoria, Chen Xiaodong, assurant que « les Brics deviennent une force de plus en plus solide ».

« Ils sont à la recherche d’espaces multilatéraux qui ne soient pas automatiquement dominés par les puissances occidentales », explique à l’AFP Cobus Van Staden, chercheur sud-africain spécialiste des relations Chine-Afrique.

Un bloc élargi ?

Peu d’informations ont été divulguées sur le programme du sommet. Mais selon Anil Sooklal, ambassadeur itinérant de l’Afrique du Sud pour l’Asie et les Brics, interrogé par l’AFP, « l’expansion est un élément majeur de l’ordre du jour ». Pretoria a affirmé le mois dernier qu’une quarantaine de pays ont demandé leur adhésion ou manifesté leur intérêt pour rejoindre le groupe.

L’Iran, l’Argentine, le Bangladesh et l’Arabie Saoudite font notamment partie des aspirants. En Afrique, l’Algérie, l’Egypte et l’Ethiopie ont exprimé leur désir d’intégrer le bloc. La Chine cherche à étendre son influence vis-à-vis des États-Unis.

La Russie, sous le coup de sanctions depuis son invasion en Ukraine, a besoin d’alliés diplomatiques. Pretoria, qui refuse depuis le début du conflit de condamner la Russie, est déjà un allié de poids en Afrique, devenue un nouvel enjeu diplomatique sur la scène mondiale. Moscou et Pékin se disputent l’influence sur le continent dans un contexte de divisions attisées par le conflit ukrainien. Ce sommet, dont le thème est « les Brics et l’Afrique », intervient à un moment où « le système multilatéral actuel est mis à rude épreuve », souligne Steven Gruzd de l’Institut sud-africain des affaires internationales (SAIIA).

Pour autant, les Brics « ne sont pas en mesure d’imposer une nouvelle forme de multilatéralisme » à ce stade, « le pouvoir est toujours entre les mains des pays occidentaux », estime le spécialiste. Et « tout élargissement des Brics compliquera la situation géopolitique », met en garde M. Van Staden, chaque nouvel entrant apportant « son lot de problèmes, de relations régionales ou avec les États-Unis ».

Une manifestation antirusse à l’appel de l’ONG Amnesty international et d’une association ukrainienne locale est prévue mardi matin à Johannesburg. Les organisateurs enjoignent les dirigeants au sommet d’ »exiger des autorités russes la fin de l’agression contre l’Ukraine ».

Au total, une cinquantaine de chefs d’Etat « amis des Brics » sont attendus, « démontrant l’influence et le poids de l’Afrique de Sud », a souligné samedi Cyril Ramaphosa. Le dernier sommet avait été organisé virtuellement l’an dernier par la Chine.

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