Le Professeur Alpha Condé, ancien Président guinéen, risque la prison à vie. La junte au pouvoir a actionné les services du Procureur général qui, depuis hier, ont inculpé l’ancien Président et 26 autres de ses compagnies de divers crimes liés notamment aux manifestations de 2019 contre le troisième mandat.

On se rappelle que durant cette période, le Front national de défense de la démocratie (Fndc) qui regroupe plusieurs partis politiques et membres de la société civile organisait, régulièrement des manifestations réprimées dans le sang. On parle d’une dizaine voire d’une centaine de morts selon les sources.

En effet, les forces de l’ordre tiraient à balles réelles sur les manifestants, ce qui avait engendré de vives protestations en Guinée et dans les pays d’Afrique.
Aujourd’hui, Condé et certains de ses ministres devront répondre de ces actes devant la Justice, ce qui, à coup sûr, signifiera la prison à vie pour eux.
Ainsi, après les déboires du principal opposant Celou Dalein Diallo qui a vu ses domiciles confisqués, c’est au tour de l’ancien Président et nombre d’acteurs politiques guinéens de subir de procédures judiciaires qui pour corruption, qui pour assassinat, etc.

Ce qui se passe en Guinée, est le remake de la situation au Mali où la junte au pouvoir entend à la fois lutter contre la corruption et l’insécurité mais également contre la classe politique classique accusé de tous les maux d’Israël et d’avoir surtout entrainé leurs pays dans la situation d’impasse où ils se trouvent.

La réalité est que donc les militaires au pouvoir ne souhaitent pas un jour voir arriver au pouvoir cette classe politique classique. Et c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les transitions sont aussi prolongées. Il s’agit de se donner le temps de mettre en place une nouvelle classe politique avec ou sans les militaires pour éviter au pays les déboires du passé.

Toutefois, cette stratégie a quelque chose de dangereux. Car, il est difficile d’écarter toute la classe politique, celle qui a eu à participer au pouvoir si cette dernière est aux commandes des principaux partis et mouvements politiques.
La principale équation des militaires aussi bien au Mali, au Burkina Faso qu’en Guinée est de trouver la bonne formule pour choisir les hommes politiques à leur convenance afin d’assurer les ‘’révolutions’’ qu’ils souhaitent.

Car, la Cedeao est là pour veiller au grain et la communauté internationale aussi. Et il est difficile de toujours trouver des prétextes pour écarter des hommes politiques dans un système qui se veut un tant soit peu démocratique.

C’est pourquoi, malgré le risque de retour  un système ‘’corrompu et anti-démocratique’’, il est important de laisser le soin aux populations elles-mêmes de choisir leurs propres dirigeants.

Ce système a des risques, notamment d’élire ceux qui ont plus de moyens et de capacités de mobilisation, mais c’est le moins mauvais.

Force est de reconnaitre en effet qu’on ne peut pas faire autrement à moins de retomber dans le piège qui constitue, pour un homme ou un groupe, de penser qu’il a le monopole de la vérité et du nationalisme.

C’est pourquoi, même s’ils ont de bons côtés, les coups d’Etat ne sont pas à encourager. Ils sont même condamnables.

Car, il n’appartient pas aux militaires de décider des profils des candidats et des futurs présidents des pays.

C’est pourquoi tous ces pays qui ont connu des coups d’Etat sont dans une sorte d’impasse. La souveraineté appartient au peuple et non à l’Armée.

S’agissant du cas d’Alpha Condé, la junte sera confrontée à la difficile équation de l’emprisonnement d’un vieillard de 80 ans. Ce qui équivaudra à une condamnation à mort.

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