Aujourd’hui, la nouvelle donne c’est l’irruption en masse de députés de l’opposition qui entendent redonner à l’Assemblée ses lettres de noblesse. Aussi sont-ils attendus au tournant par un peuple avide de rupture. Tribune
Depuis les indépendances, les exécutifs qui se sont succédés à la tête du pays ont toujours demandé à ce que le peuple leur donne une majorité confortable à l’Assemblée nationale pour mener à bien une politique au profit du peuple. À l’arrivée, de Senghor à Macky, en passant par Diouf et Wade, le député du peuple a laissé la place au député du président.
En lieu et place d’un contrôle de l’action gouvernementale, l’Assemblée nationale s’est muée en supplétif de l’Exécutif.
Après avoir gravi une haute colline, tout ce qu’on découvre, c’est qu’il reste beaucoup d’autres collines à gravir. Je me suis arrêté un instant pour me reposer, pour contempler l’admirable paysage qui m’entoure, pour regarder derrière moi la longue route que j’ai parcourue. Mais je ne peux me reposer qu’un instant ; avec la liberté viennent les responsabilités et je n’ose m’attarder car je ne suis pas arrivé au terme de mon long chemin».
Ces propos de Nelson Mandela, l’opposition gagnerait à les méditer. Car avec le nombre de députés qu’ils viennent d’engranger lors de ces Législatives, un record jamais égalé depuis les indépendances, ils doivent savoir qu’ils sont investis d’une mission titanesque.
Aussi, ce qui est attendu des nouveaux députés, c’est que les besoins des Sénégalais qui les ont élus soient pris en compte et qu’on aille vers une claire distinction entre les députés du peuple et les députés du président. Que les populations sentent que ces députés se battent pour leur mieux-être dans le seul intérêt du pays. Il faudrait aussi qu’ils se battent dans l’éthique et dans l’honneur et évitent de se battre pour des prébendes et des honneurs. Car si une bonne frange des Sénégalais a voté pour l’opposition, c’est parce qu’elle a été déçue par les législatures qui se sont succédées et dont les 12ème et 13ème ont été les plus décevantes, sur tous les plans.
Aussi, à défaut d’avoir une Assemblée nationale à 100% au service du peuple, que les Sénégalais aient au moins un avant-goût d’une Assemblée de rupture avec des députés à l’écoute et au service exclusif du peuple. Pour dire que les nouveaux députés de l’opposition portent de lourdes responsabilités sur leurs épaules.
Après avoir sillonné le pays de long en large et déversé des tombereaux de promesses sur le chemin qui mène à l’Assemblée, ils sont attendus au tournant. Les coalitions Yewwi Askan Wi «Libérer le peuple» et Wallu Sénégal «Sauver le Sénégal», respectivement 56 et 24 sièges – ce qui leur donne un total de 80 députés – sont tenues comme l’indique leur nom respectif de libérer enfin le peuple et de sauver le Sénégal de la tyrannie de l’exécutif.
Maintenant, ce qui leur reste à faire avant l’installation de cette 14ème législature, c’est d’harmoniser leur position, régler leur problème en interne et montrer aux populations que tout ce qui leur importe c’est de travailler pour l’intérêt général et non des prébendes. Des populations devenues plus conscientes des enjeux et plus exigeantes ; et tout ce qui leur importe, c’est d’avoir des représentants dignes de ce nom, qui pourront défendre leurs intérêts devant l’Assemblée nationale.
Tribune