La solidarité s’organise mardi en Guinée au lendemain de l’explosion et l’incendie du principal dépôt d’hydrocarbures dans le centre de Conakry, qui a fait au moins 14 morts et 190 blessés et suscite l’inquiétude sur l’approvisionnement en essence.

Dans la nuit de dimanche à lundi, le souffle de l’explosion et l’incendie qui a suivi dans la zone portuaire de Kaloum, le quartier administratif et des affaires de Conakry, ont provoqué d’importants dégâts matériels et mis à l’arrêt l’économie.
Le feu a été circonscrit et maîtrisé lundi après-midi, mais de la fumée continue de s’échapper du site du sinistre et les pompiers sont toujours à pied d’œuvre mardi matin.
Des soldats massivement déployés, casqués et masqués empêchent la circulation dans le secteur du sinistre. La zone portuaire est désertée depuis la veille où les populations locales ont fui vers la banlieue.
« Mes enfants et mes petits-enfants sont dispersés un peu partout, il y en a qui sont vers l’aéroport chez ma petite sœur et d’autres à Ratoma (une commune à proximité, ndlr) chez un ami », raconte à l’AFP Mamadouba Bangoura, un pêcheur qui habite le quartier. « Pour rien au monde, je ne souhaite que mes enfants revivent pareilles angoisses ».
Une enquête judiciaire a été ouverte par le procureur général pour déterminer les causes du sinistre et situer les responsabilités. Aucune information n’est à ce jour disponible sur l’origine de l’incendie.
Lundi, une cellule de crise a été mise en place par les autorités et un plan d’urgence sanitaire a été activé pour la prise en charge des blessés. 190 ont été pris en charge, dont 113 ont ensuite rejoint leurs familles, selon les chiffres fournis lundi soir par le gouvernement.

– Aide aux sinistrés –
L’assistance aux sinistrés se poursuit mardi matin. Des volontaires font le tour de la capitale pour recueillir des vivres. « Au niveau de la commune de Ratoma, nous sommes en train de recueillir tout ce que les bonnes volontés nous apportent. Nous avons un véhicule à disposition prêté par la mairie pour acheminer ce matériel », explique l’un d’eux, Abdouramane Sylla.
L’aide internationale se met également en place.
Une équipe de secouristes sénégalais composée de 24 agents, dont 15 médecins militaires et 8 spécialistes de la brigade des sapeurs-pompiers, est arrivée lundi soir, et sera suivie d’autres équipes, a indiqué le ministère sénégalais de la Défense. Elle vise à « appuyer leurs homologues guinéens dans la prise en charge médicale des victimes de l’incendie et la recherche des voies et moyens pour éteindre le feu ».
Une équipe française d’assistance et d’appui est également sur place, a dit la diplomatie française sur ses réseaux sociaux.
L’ONU s’est également mobilisée. « Les interventions d’urgence déployées contribuent à répondre aux besoins immédiats sanitaires en eau, hygiène et assainissement de la population affectée (…) en fournissant des abris sous forme de tentes, des citernes d’eau, des toilettes mobiles », ainsi que des kits d’hygiène, des médicaments et d’autres fournitures essentielles, souligne-t-elle dans un communiqué mardi.

– Carburant –
Sommés de rester chez eux lundi, certains travailleurs ont repris mardi le chemin du travail mais d’autres craignent une nouvelle explosion. « Moi, j’attends de voir comment la journée va se passer avant d’aller là-bas parce que mon bureau est à quelques minutes du port et du centre de dépôt de carburant », confie Lamine Diallo.
Au centre-ville, les bureaux, banques et assurances étaient fermés, contrairement à la banlieue.
Les pénuries d’essence sont aussi un sujet de préoccupation pour de nombreux Guinéens. Les stations-services sont provisoirement fermées sur l’ensemble du territoire pour éviter la spéculation.
Le gouvernement a annoncé le recensement des besoins vitaux liés au carburant pour prévenir les ruptures possibles de l’approvisionnement de Conakry vers l’intérieur du pays.
Beaucoup de Guinéens n’ont pas pris leur voiture mardi par peur de manquer d’essence. Le gouvernement « veut nous faire croire qu’il n’y aura pas de pénurie de carburant, ce dont je doute », a estimé Souleymane Traoré, chauffeur de camion, inquiet pour les semaines à venir.

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