Le « Tong- tong », cette tradition consistant à immoler un mouton, un bœuf, un chameau pour se partager la viande avec les voisins tend à devenir un souvenir au Sénégal. La viande de l’animal du « Tong- tong » se vend sans intérêt, à un prix qui permet juste de récupérer son prix d’achat. L’initiative vient souvent des personnes vivant dans le même quartier ou des fidèles qui fréquentent la même mosquée. De nos jours, il est très difficile de trouver des personnes qui pratiquent cette tradition de solidarité et de partage. Ce, au grand bonheur des bouchers qui voient leurs recettes augmenter.

En cette journée où la communauté musulmane célèbre l’Achoura appelée traditionnellement « Tamkharit », le rond point de Liberté 6 grouille de monde comme d’habitude. Il est 13 h, les klaxons des véhicules fusent de partout, le gaz carbonique provenant des automobiles rend l’air irrespirable. Non loin de là, se trouve une mosquée peinte en jaune et vert. Seul, le vigile M Sy se trouve sur les lieux. A quelques heures du traditionnel dîner de « Tamkharit » rien n’indique qu’il y a « Tong-tong » dans ce lieu de culte. « Depuis que je suis le gardien de ce lieu saint, je n’ai jamais assisté à une séance de « Tong-tong » » soutient le vigile. Avec un air nostalgique, il poursuit : « cette forme de partage tend à disparaître pour ne pas dire qu’elle n’existe plus dans la ville. Dans les régions cette pratique existe toujours. Elle est très prisée lors de la célébration des fêtes de « Tamxarit » ou de Korité surtout avec la conjoncture. C’est une forme de partage et de solidarité».


Nabou Diouf, rencontrée au marché Monument de Arafat, lui emboîte le pas en rappelant l’avantage du « Tong-tong ». « Vous savez cette viande est de qualité et c’est plus bénéfique. Pour une participation de 5000 F cfa, tu peux te retrouver avec trois (3) kilogrammes de viande ou même plus ». Mère Nabou Diop, comme l’appelle affectueusement ses camarades est vendeuse de légumes au marché Monument de Arafat. Elle est l’une des rares personnes rencontrées à dire que son couscous sera préparé avec de la viande provenant du « Tong-tong ». « Pour cette « Tamkharit » mon époux a acheté de la viande du « Tong-tong ». Je vais préparer du bon couscous avec » nous confie-t-elle, le sourire aux lèvres.
Le marché Monument de Arafat ne désemplit pas. La quasi totalité des artères est bloquée par les clients venus en masse s’approvisionner. Les étales sont couverts de légumes frais. Les commerçants semblent tout prévoir pour la préparation du couscous. Ce plat qui a fini par devenir une tradition au Sénégal pour le dîner de l’Achoura. Juste à côté de l’étale de Mère Nabou Diop se trouve le boucher Abou Fall. Il soutient que l’abandon de plus en plus persistant du « Tong-tong » fait sa bonne affaire. « Mon commerce va à merveille malgré la conjoncture. Je ne peux que m’estimer heureux. Avant, le « Tong-tong » nous causait d’énormes dommages ».

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