Même s’il n’a encore dit « ni oui, ni non » à propos d’une troisième candidature, le président Macky Sall est toujours acculé par les populations sur la question. Pressé de jouer franc jeu, il ne cède pas pour autant et préfère continuer d’entretenir le flou, au point que le débat se pose à nouveau et domine l’actualité. Cependant, la majorité des Sénégalais qui ont répondu au sondage de SeneNews estiment que le président Sall ne se présentera pas pour une troisième candidature.

Le troisième mandat, ou la troisième candidature, était le fruit interdit au président Abdoulaye Wade, durant son règne. Malgré ses réalisations dont il se targuait, et qui pouvaient militer en sa faveur tant elles étaient visibles, le prédécesseur de Macky Sall avait butté sur une fin de non recevoir des populations. Sa campagne de propagande, l’intense communication de ses souteneurs par rapport à la constitution qui lui permettrait de briguer un troisième mandat, son fameux wax-waxeet (reniement), rien n’a pu altérer le véto des tenants de l’orthodoxie constitutionnelle. Pour la plupart des Sénégalais d’alors, réunis essentiellement autour du M23 et de Y en A Marre, le président Wade n’avait pas légalement ni légitimement droit à une 3ème candidature. La suite, on la connait tous: un pays sens dessus-dessous, des manifestations violentes, des morts, et la chute du régime libéral.

Farouche opposant de Wade qui s’est énergiquement battu contre sa 3ème candidature, l’actuel président semble être tenté par le même diable. Alors qu’il a juré par tous les Saints que 2024 serait la dernière année de son règne s’il venait à avoir un deuxième mandat, Macky Sall reste aujourd’hui dans un flou, matérialisé par son « ni oui, ni non », servi aux journalistes il y a deux ans. Pour la majorité des Sénégalais, il n’y a pas à chercher de midi à 14 heures.

En effet, 61% des sondés de Senenews (soit 9 325 sur 15 402)  estiment que Macky Sall ne va pas se présenter une 3e fois d’affilée. Pour les tenants de cette thèse, il ne saurait accepté au président actuel une faveur refusée à son prédécesseur et mentor.  D’autant plus que le Chef de l’APR a dit, redit, et confirmé à l’envi, qu’il ne pouvait pas aller au-delà de 2024. On se rappelle ses assurances fermes sur la question lors de la campagne pour le référendum quand il voulait faire passer son mandat de 5 à 7 ans. Qui plus est, la constitution qu’il disait avoir « verrouillée » est loin d’être équivoque sur ce point: « nul ne peut faire  plus de deux mandats consécutifs ».

A côté de ces anti-3ème candidature, il y a d’autres (39%, soit 607 sur 15 402) qui soutiennent que le président Sall va se présenter pour la présidentielle à venir. Deux lectures sont à tirer de ces réponses: pour certains le président a le droit de briguer de nouveau les suffrages des Sénégalais; et pour le reste, il n’a pas le droit mais il ne va pas s’abstenir de le faire. L’un dans l’autre, le nombre de défenseurs de cette thèses est assez marginale comparé à leurs vis-à-vis. Ceci montre que se poser la question équivaut à entrer dans un débat qui n’est ni légal ni légitime.

Pourtant, les faits sont têtus. Depuis quelques temps, la question de la 3ème candidature resurgit. Dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique, et lors de sa visite à Masalikul Djinane, le président Sall a laissé la brèche ouverte au lieu de mettre fin au suspens. Sa décision de se prononcer après les législatives pourrait être interprétée comme une façon de voir, à travers les résultats que va engranger sa coalition, si le peuple bénit ses actions ou non. De ce qui va sortir des urnes dépendra la réponse de Macky Sall. Sauf qu’une large majorité de la population s’est déjà faite sa religion sur la question: Sall n’a pas le droit à une 3ème candidature !

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